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Temps de Jeu des Français en Top 14 - Saison 2018-2019

Introduction définissant la base statistique

Le Rugby International n'est pas une histoire de Frontières et d'Etats, mais de Nations et de représentation, être Français, Néo-Zélandais, Anglais, Japonais, Fidjien etc... en rugby, ce n'est pas avoir le passeport correspondant, c'est faire le choix de porter sur la scène internationale les couleurs d'une nation pour laquelle le sentiment d'appartenance est le plus fort.

Dans ces statistiques, le temps de jeu des français est comptabilisé en fonction, évidemment du passeport de naissance, mais surtout du choix de la nation représentée. Concrètement, pour prendre l'exemple de deux joueurs de la finale de Top 14, Maks Van Dyk, pilier Sud-Africain de Toulouse, sélectionnable avec le XV de France et détenteur (ou presque) du passeport tricolore n'est pas considéré comme Français, de l'autre coté Alivereti Raka dans la même situation mais sélectionné pour la Coupe du Monde et bientôt capé en bleu est considéré comme Français pour moi (j'anticipe de quelques jours).

Les bases posées nous allons tenter d'analyser quelques points, et s'il y a des questions j'y réponds sur Twitter avec plaisir.

Analyse Globale : un bond spectaculaire depuis la Coupe du Monde 2015

D'un fiasco historique en 1/4 de finale de la RWC 2015, vitrine d'un Top 14 malade dans son style de jeu et dans ses choix de joueurs, à un fiasco annoncé au Japon en 2019, les clubs se sont métamorphosés, prenant les virages que le XV de France a clairement manqué.

En effet d'un fiasco à l'autre, même si nous espérons tous que le XV de France déjoue les pronostics pessimistes, les maux sont différents. En 2014-2015 le Top 14 est sur le toit de l'Europe et les joueurs Français au fond du seau, poussés à des rôles de faire-valoir par une explosion des transferts venus du sud.

Depuis, prises de conscience, évolution du jeu, développement de nouveaux marchés, sanctions réglementaires ont fait que le temps de jeu des joueurs français a progressé de 20% entre le deux coupe du monde, cette augmentation est exponentielle parce qu'elle débute réellement à partir de la saison 2016-2017;

JIFF : acronyme d'un système imparfait aux répercutions positives

Néanmoins comme tous les marchés, celui du Top14 se régule et le système JIFF évoluant, le nombre de joueurs JIFF croit chaque année sur les feuilles de matchs, les sanctions se durcissent et l'effet de rareté s'inversera rapidement.

Autre effet pervers, l'utilisation d'espoirs Étrangers destinés à devenir JIFF, même s'ils n'ont pas la nationalité Française, même s'ils représentent une autre nation. Au départ les espoirs étaient automatiquement comptés comme JIFF d'où qu'ils viennent, aujourd'hui ils sont considérés sur les feuilles de matchs au même titre que les pros, ce qui réduit la tentation à cette pratique.

En résumé nous sommes passés de 12 JIFF par feuille de match, des espoirs étrangers considérés JIFF et pas de sanction en 2014-2015, à 16 JIFF par feuille, des espoirs considérés comme pro et des sanctions sportives en cas de non respect pour la saison prochaine.

Nous pouvons voir beaucoup d'autres paramètres ayant influé sur la courbe du temps de jeu des Français, ce système reste le plus "efficace".

Les sélections haussent le ton

Durcissement des règles ou prise en otage des joueurs chacun a sa vision libérale ou romantico-conservatrice, mais beaucoup de nations sont devenus intransigeantes ou presque. Les Celtes même si le contingent en France était faible, les Anglais également mais surtout les Argentins dont la population dans le rugby Français s'est réduit de 20% suite aux décisions de la Fédération.

Les plus importantes baissent se situent du coté Néo-Zélandais et des Australiens, avec 26% de moins par rapport à 2015 pour des raisons que nous détailleront plus tard, quand leurs collègues historiques de l'hémisphère sud, les Sud Africains se stabilisent en France (-6%). Cette stabilisation s'explique par une économie du rugby Sud-Af peu florissante, et un laxisme concernant les règles de sélection par rapport aux autres Sudistes.

La France n'est plus l'Eldorado du Rugby

Malgré beaucoup de stéréotypes tenaces, si le dispositif JIFF a permis beaucoup de chose, il reste une part non négligeable pour les stars étrangères dans les effectifs Français. Et pourtant elles ne sont plus là, du moins elles sont bien moins nombreuses qu'elles le furent par le passé. Plusieurs raisons à cela :

1/ Les fédérations du Sud se sont adaptés. Les salaires des internationaux NZ et Australiens ont considérablement augmenté. Les stars australiennes ne pourraient pas prétendre à mieux en Top14, quant aux NZ même si la fédération instaure une grille plus restrictive, les stars telles que Read, Barrett, SB Williams émargeaient à 600K€ par saison, ce qui serait sur le podium du Top14.

La Fédération Sud-Africaine avait elle tenté de détourner le système en privilégiant des double-contrats avec la Top League Japonaise pour que les internationaux ne soient pas perdant financièrement et puissent disputer le Super Rugby.

2/ Et quand bien même les joueurs se tourneraient vers l'étranger, le Top14 n'est plus compétitif financièrement chez les très grands joueurs. L'Angleterre et le Japon ont aujourd'hui une surface financière bien plus importante. Nous n'avons pas encore les montants des contrats signés cet été néanmoins des Dan Carter et Matt Giteau sont partis pour des contrats dépassant le million sur l'année, idem pour Charles Piutau en Angleterre, c'est presque deux fois plus que les salaires maximum en France. Et cela se ressent dans les statistiques des mutations pour la saison prochaine.

3/ Les mutations venus depuis les championnats étrangers sont en baisse constante en France, elles représentent 23% des mutations pour la saison 2019-2020 (en comptant des jokers CDM qui ne sont pas destinés à rester).

En Angleterre c'est 50% des mutations qui viennent de l'étranger, au Japon 37%, et ces championnat n'ont pas (ou peu) de doublons en CDM.

Le calendrier, le caillou dans l'espadrille

C'est un vieux serpent de mer, et j'ai déjà écrit sur mes idées de réforme , mais le calendrier est un cancer qui infecte toutes nos strates. Le plus évident reste qu'à salaire équivalent pourquoi une star étrangère viendrait faire un marathon en France quand elle peut traverser la manche et jouer moins, s'économiser et faire peut être un an de plus de contrat. Pourquoi n'irait-elle pas au Japon, plus proche de sa famille pour un calendrier tout aussi allégé ?

Et quel est le gain financier des clubs Français à avoir autant de matchs ? Les précautions de plus en plus importantes, les temps de repos plus long, les doublons etc... tout cela fait grossir les effectifs qui sont soumis à un salary cap.

L'idiotie structurelle du rugby Français a peut être un coté romanesque pour certains, mais quand nous reprenons le Top 14 le 24 Août, les Anglais reprennent le 18 Octobre, avec pour seule différence majeure, deux clubs en moins dans l'élite.

Un mot par club :

  • Le Stade Rochelais​ : 72,3% de temps de jeu aux Français

Le bon élève pragmatique, avec le plus important temps de jeu donné aux Français cette saison, la force des maritimes réside dans un recrutement ciblé, souvent juste et une post-formation de qualité.

En effet contrairement à d'autres le SR a peu de joueurs formés localement avec du temps de jeu, mais fait école quand il s'agit de dénicher des talents en jeune, en Pro D2 ou à l'étranger.

La saison prochaine l'effectif sera stable avec seulement 3 recrues, attention à l'adaptation avec un tout nouveau staff.

Quelques jeunes à développer ou qui pourraient exploser rapidement, petit coup de cœur à Elliott Roudil qui attaque sa 6ème saison en pro alors qu'il n'aura que 23 ans en fin d'année et pourrait enfin confirmer pendant la Coupe du Monde (déjà auteur d'une belle saison l'an dernier)

  • Le Castres Olympique​ : 71,8% de temps de jeu aux Français

La même réflexion que pour La Rochelle, un effectif homogène et une culture du flop négative en terme de recrutement. Le CO s'était fait une spécialité de relancer des bons joueurs en difficulté en y ajoutant quelques bonnes idées à chaque mercato.

Nouveau staff, peu de recrue notoire, Nakosi qui retrouve son ancien coach et qui sent la bonne pioche, idem pour Fortunel. Néanmoins l'effectif est vieillissant et Reggiardo va avoir du travail pour renouveler la génération dorée et titrée du CO.

  • Le Stade Toulousain​ : 67,7% de temps de jeu aux Français

Le Stade Toulousain vit au gré des générations, et celle championne de France a de beaux jours elle. Il n'y a pas grand chose a rajouter, si ce n'est qu'à l'équipe Championne de France, le staff vient greffer un recrutement peu important mais ciblé, Richie Arnold est remplacé par son jumeau, le même mais meilleur, Antoine Miquel capitaine et pilier de la maison Agenaise vient densifier la 3ème ligne dans un registre qui rappelle François Cros, et à cela il faudra ajouter le retour du capitaine Julien Marchand d'ici quelques semaines, celui de Pierre Fouyssac, de Lucas Tauzin etc...

L'avenir parait radieux, la majorité des jeunes prolongent, les espoirs vont s'aguerrir en prêt. Le staff à un défi, faire perdurer une machine à record dans le temps, parce qu'un rien peut faire dérailler tout ça !

  • Le LOU​ : 66% de temps de jeu aux Français

Le projet est cohérent et avance, après les années sponsorisées par Otis, le staff de Pierre Mignoni construit un effectif alliant des talents locaux et bien développés, des recrutements de joueurs de Top14 d'expérience et quelques paris réussis (Ngatai).

Un recrutement parfait, le club qui s'est le plus renforcé du Top6 pour moi, avec une machine à stats, dont on pense ce que l'on veut mais vu les ailiers Lyonnais l'an dernier, Tuisova sera une plus-value énorme. Trois champion du monde U20 déjà prêts pour les premiers rôles, avec un coup de cœur pour Clément Laporte, sous-coté et pourtant le meilleur 3/4 français sur la campagne 2018 du titre (formation SUA).

Avec un Mignoni ayant refusé le XV de France, le LOU ne peut que progresser la saison prochaine, et l'addition de Bamba + Geraci + Lambey + Couilloud + Barassi + Laporte me fait monter le kiffomètre.

  • Le Racing 92​ : 62,6% de temps de jeu aux Français

Je suis embêté, je pourrais vous présenter les choses de façon optimiste parce qu'il y a beaucoup de positif, notamment dans la construction de l'effectif du Racing, et pourtant quelque chose me manque.

Le Racing a clairement changé de stratégie, recrutant avec parcimonie, uniquement sur le territoire Français, intégrant des Espoirs à fort potentiel et pourtant je ne vois pas les jeunes progresser. Jordan Joseph en est un exemple, joueur le plus dominant en U20 que l'on voyait progresser à chaque sortie en bleu, a peiné cette année. Alors il ne fallait pas s'attendre a ce qu'il domine en pro mais on l'a senti stagner à chaque sortie, mal à l'aise sur le terrain, contrairement aux autres "stars" de sa génération qui sont montées en puissance tout au long de la saison dans leurs clubs respectifs.

J'ai confiance en Joseph, et j'espère que mon ressenti sera contredit dans les fait car il y a un effectif prometteur chez les banlieusards, notamment devant et nous auront besoin de ces joueurs.

  • Le SU Agen: 59,2% de temps de jeu aux Français

Le miracle perdure pour le SUA, est-ce qu'il survivra au départ de son coach et des talents partis en nombre depuis deux saisons ? Laporte, Heriteau, Tanga, Miquel, Bethune, Erbani, Fouyssac pour ne parler que des Français ça fait beaucoup de talents.

Le recrutement a été fait notamment en Pro D2, je ne sais pas grand chose des jeunes qui pourraient éclore, même si je mets une pièce sur l'explosion de Jessy Jegerthener. Effectifs et staffs renouvelés, ce sera encore compliqué pour le SUA, mais ils auront les armes pour rééditer leurs exploits passés.

  • Le RC Toulon: 58,5% de temps de jeu aux Français

La reconstruction en marche, comme beaucoup de choses dans ce club, elle ne se fait pas en silence. Voila un club qui a vécu l'entre coupe du monde difficilement, beaucoup de coachs, beaucoup d'erreurs de casting, pour que finalement le président trouve ce qui ressemble a de la stabilité avec Patrice Collazo.

Collazo aura un effectif pour jouer la qualif', un effectif qui lui va bien avec des jeunes talents, des mecs à reconstruire et une star énorme en la personne d'Etzebeth.

Tout cela semble en place, mais je ne jure de rien quant au futur de cette équipe dont l'effectif me plait autant que je redoute un coup de sang si ça ne prend pas vite. (hypomètre élevé avec Carbonel, Villière et Cordin)

  • Le Stade Français : 57,8% de temps de jeu aux Français

Seulement deux clubs utilisaient plus de Français en 2015 qu'en 2019, le SFP est l'un d'eux. Et il y a peu de chance que cela progresse vu le recrutement réalisé. On va espérer du temps de jeu pour des jeunes qui ont déjà répondu présent en Top14 et qui devraient exploser, Arthur Coville a le talent pour s'imposer en titulaire. Julien Delbouis est le centre le plus talentueux balle en main avec Gael Fickou, mais pas sur que ce soit la préoccupation première de Meyer. Hamdaoui excellent l'an dernier a vu arriver Ruan Combrinck, Joris Segonds aura du mal à sortir Sanchez mais pourra passer devant Plisson dans la hiérarchie s'il a sa chance, ce sera dur en 3ème ligne mais il y a du talent avec Chapuis, Francoz, Godener, compliqué d'y voir une hiérarchie claire derrière Macalou et Matera.

Difficile de présager de l'avenir vu le bazar qu'est l'intersaison parisienne, néanmoins il y a des jeunes talents dans cet effectif, Meyer est il la personne idoine pour les développer, c'est moins sur !

  • L'UBB : 56,6% de temps de jeu aux Français

Difficile de juger l'Union sur ces dernières saisons, depuis le départ d'Etcheto le staff, voire tout le front-office a balbutié très fort, naviguant entre plusieurs projets et stratégies différentes. L'UBB repart sur un cycle cohérent avec l'arrivée de Christophe Urios, que l'on apprécie ou pas, il va apporter une ligne directrice, du pragmatisme, des exigences de travail.

Le développement des jeunes n'est pas la qualité première d'Urios et je suis un peu inquiet pour Matthieu Jalibert avec l'arrivée de Ben Botica, meilleur ouvreur du Top14 il y a deux saisons, qui correspond plus au style Urios. Même réflexion pour Roumat ou Woki en 3ème ligne, nous verrons rapidement avec les premières compo vers quel jeu s'oriente l'UBB made in Urios.

  • L'ASM : 53% de temps de jeu aux Français

Deuxième club avec le SFP à régresser en terme de temps de jeu aux joueurs Français depuis 2015, et c'eut été pire si j'avais considéré Raka comme Fidjien (mais j'anticipe sa probable cape du WE prochain). Analyse complexe sans être dans le club, mais le recrutement est clairement ciblé vers de bons internationaux hors territoire depuis deux saisons : Laidlaw, Uhila, Betham, Nanai-Williams, Naqalevu, Moala. La grande majorité des jeunes du centre passés par le groupe pro partent vers d'autres horizons, dans le groupe de la finale 2019, seul Damian Penaud, Alivereti Raka et Judicaël Cancoriet ont moins de 25 ans et sont passés (très rapidement) par les espoirs de l'ASM.

Les champions du monde U20 2018 ne comptent aucun Jaunard, en 2019 Donovan Taofifenua (0 apparition en pro) et Giorgi Beria (intégré en pro l'an dernier) ont eu un rôle important dans la conquête du titre.

Je ne sais que penser de l'avenir, je ne vois plus de joueurs formés au club percer depuis la génération 93 (Falgoux, Jedrasiak), la post-formation efficace avec Iturria, Cancoriet, Penaud ces dernières années me semble moins performante si je juge par rapport aux intégration des jeunes ces dernières saisons.

Ce grand club a sans doute une stratégie pour prendre le virage imposé par les JIFF et par le viellissement de ses cadres, les finalistes de l'an dernier auront plus de 30 ans de moyenne en 2020 les cadres Toeava, Fofana, Lopez, Laidlaw, Parra, Lee Lapandry, Timani, Slimani sont tous trentenaires et leur succession sera compliquée, l'observation de la stratégie de l'ASM dans les prochains mois sera intéressante.

  • Le MHR : 52,6% de temps de jeu aux Français

Avant dernier de la classe dans ce classement là et pourtant ... ils partaient de tellement loin avec un famélique 33% il y a 4 ans. Cotter a initié le changement, Garbajosa doit le pérenniser dans le sillage de jeunes formés au club, notamment Yvan Reilhac et Arthur Vincent qui n'ont rien fait d'autres que de prouver leur immenses qualités à chaque sortie. Gabriel Ngandebe a franchit un palier l'an dernier, et des jeunes poussent pour s'imposer en 1ère ligne. Un recrutement peu important pour stabiliser l'effectif, l'apport de l'expérience de Guirado, le pari Bouthier joueur iconique de Vannes et le remplacement de Cruden par Pollard. Changement de boss sportif donc difficile de savoir ce qu'il adviendra mais j'espère que la courbe continuera de croître.

  • La Section : 51% de temps de jeu aux Français

Fin de cycle brutale dans le Béarn, il y a deux ans la Section doit se qualifier dans les 6 sans une contre-performance au Hameau lors de l'antépénultième journée face à un SUA qui lutte pour le maintien. Cette saison c'est le marasme, jamais dans le coup, un plan de jeu difficile à identifier, un effectif curieusement construit. Exit la filière Irlando-NZ de Simon Mannix et place au développement des jeunes que l'on a aperçu, accompagné de joueurs solides de Top 14. Deux bonnes pioches par leur professionnalisme venu de NZ : Ben Smith et Luke Whitelock. Les Lespiaucq, Pesenti, Daubagna, Hastoy, Pinto, Pourailly ont tout pour prendre le pouvoir, en espérant que Godignon leur donne les clés du camion.

  • USAP - FCG : Joker

Un coup d’ascenseur cruel, je n'épilogue pas parce que je n'ai pas de chiffres sur leur saison en Pro D2. Néanmoins il est plaisant de voir que ces deux clubs ne se sont pas reniés, faisant confiance à leurs jeunes, ce qui les aidera dans leur quête de remontée rapide

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